[Débrouillons les Cartes] Palkia et Dialga entre art et science
Publié : 04 déc. 2022, 15:56
Salutations !
Vous savez quand j'écris des articles, je fais toujours attention à ce qu'ils ne soient pas trop longs (ou trop courts, selon le cas) pour que vous ayez matière à lire sans crouler sous les informations. Il me faut donc toujours faire clair et concis.
Oui, concis, si si. Ça surprend, je sais.
Et vous aurez peut-être remarqué, si vous avez l'habitude de lire ce que je peux écrire, il ne m'est pas toujours facile de le faire. Souvent une analyse, une idée, une piste en entraîne une autre et c'est ainsi que beaucoup de créatifs (quelque soit la discipline) se perdent dans des créations à n'en plus finir.
Et bien aujourd'hui, c'est différent. On se fait plaisir. Après tout, c'est bientôt Pâques ! Oui, Pâques, pourquoi ?
Mais pas n'importe comment : nous allons parler de très peu de cartes (deux pour être précis plus un exemple parce que j'aime bien les exemples), mais on va bien en parler.
Pour cela, nous allons aborder une thématique très large : l'art.
J'ai dit "une" thématique ? Je voulais dire... Des thématiques. Art, science, mythologie, ... Car oui, dans Pokémon, ces différents aspects existent bels et biens et surtout, ils cohabitent souvent ensembles. Nous, aficionados des cartes, nous avons plutôt tendance à voir les choses sous l'angle de la beauté, parfois de la valeur (beurk
) ou encore de la jouabilité des cartes. Mais il ne faut jamais perdre de vue que chaque carte est désignée et dessinée par un artiste. Et comme dans beaucoup de créations, l’œuvre porte une idée, un message issu de son créateur. Et le risque que nous courons est de passer à côté d'un message en restant fixé sur notre vision des choses.
Prenons un exemple : le Rattata d'Alola de l'extension Pokémon Go.
Une carte rudimentaire, que beaucoup ne toucherait même pas avec un bâton tenant lui-même un bâton qui porterait des gants. Et pourtant, elle est un concentré de messages.
L'extension Pokémon Go se veut être un lien entre les Pokémon et notre monde (comme le jeu vidéo dont elle est inspirée) et cette carte le réussi parfaitement : elle nous présente une scène quotidienne, basique, normale d'un rat(tata) courant sur un tuyau qui n'est pas sans rappeler les égouts.
Dans notre monde, il y a de (très) nombreux rats dans nos villes, vivant dans les égouts, dans les recoins, ... A titre d'information, la ville de New York compte pour 8,38 millions âmes humaines, 32 millions de rats (selon une estimation, personne ne les a compté un par un, du moins j’espère), soit 4 rats par habitant (oui je met en gras, c'est une info cruciale).
Vous trouvez cette carte simple (basique) ? Et bien c'est certainement son but : elle n'est qu'une scène normale dans un quotidien normal d'un monde où les Pokémon existent réellement.
Bien sûr, la simplicité n’empêche pas l’élégance ou les détails.
Oui, ça va extrapoler sévèrement. Mais je vous l'ai dit, aujourd'hui, on se fait plaisir !
Une partie des informations qui vont suivre sont vraies. D'autres sont fausses, voire ridicules. Parfois je suis sûr de moi, parfois non. Parfois je mentirai...
C'est parti.
Sachez que l'on ne va pas rentrer dans les détails précis et exacts non plus. Si vous souhaitez en savoir plus, je vous renvoie vers les articles de Yuu-Chan sur Eternia par ici.
Pour notre article, nous allons nous intéresser au commencement des temps. Avant le temps, du coup. Oui, c'est technique.
Au commencement, donc, il y avait un œuf. De quoi "qui l'a pondu" ? C'est pas le propos, allez lire les articles Mythologie si cela vous intéresse.
Je disais donc, au commencement, il y avait un œuf. De quoi "comment il était cuit" ? Mais ça suffit !
Commencement, œuf. De cet œuf sorti Arceus, Démiurge (le dieu créateur) de l'univers de Pokémon.
Il est le tout premier être de la création de cet univers. Mais tout comme dans les livres sacrés des grandes religions, il ne va pas se tourner les pouces (en a-t-il seulement ?) et va engendrer un œuf à son tour (c'était lui la poule) contenant Palkia, Dialga et Giratina.
Et ils devaient être vraiment super bien pliés, parce que les bestiaux font quand même dans les 5 mètres.
Palkia s'occupait d'organiser l'espace, Dialga le temps et Giratina fit une crise d'adolescence. Arceus l'enferma donc pour sa trop grande violence (selon les textes des jeux de la licence) dans son univers : le Monde Distorsion.
Une fois la chambre (l'espace) rangée à l'heure (le temps), les deux autres rejetons se disputaient, Arceus les enferma donc dans leurs propres espaces, comme ça chacun sa chambre et pas de jaloux.
Vinrent ensuite le trio des Cré :
Qui s'occupèrent des émotions et de la volonté. Regigigas, lui, géra les continents (vaste boulot) et finalement Mew, présenté comme le premier Pokémon et de fait l'ancêtre de tout les autres, parti peupler le monde et ainsi créer Grotadmorv, Denticrisse et autre Crapustule. Une grande réussite en somme.
Je le redis, il s'agit là d'un résumé très grossier de la Mythologie dans l'univers de Pokémon. Pour être parfaitement exact, il faudrait vous parler de Kyogre (les océans) et Groudon (les continents), Lugia (la nuit) et Ho-Oh (le jour), Zarude (le livre de la Jungle) et j'en passe. Mais ça n'est pas le sujet.
Je vous entends toutefois piailler "mais comment Mew peut-il être le premier Pokémon s'il y a eu la moitié du panthéon Pokémon avant lui ?". Nous allons y venir sans plus attendre.
Excusez ce début qui n'est pas très orienté autour des cartes mais c'est un mal nécessaire pour la suite.
L'univers de Pokémon se présente comme une mythologie polythéiste (avec plusieurs dieux), comme Dialga dieu du temps ou Palkia dieu des voitures Renault (l'espace, vous l'avez ?). Mais il s'agit d'une erreur d'interprétation.
Si Mew est le premier Pokémon c'est tout simplement car les choses avant lui ne sont pas autant des Pokémon que des concepts.
Dialga et Palkia n'ont pas réellement ordonnés le temps et l'espace, Regigigas s'est pas farci le placement des continents au centimètre près et je ne vous parle pas de Mew. Ils sont les allégories des éléments et des événements perceptibles à nos yeux.
Regigigas représente les plaques tectoniques (aucun rapport avec la musique) qui composent notre monde (c'est à dire, les plaques où se trouvent les continents dont les accidents engendrent montagnes et tremblements de terre) voir la Pangée (super-continent de la théorie de la dérive des continents formé de tout ceux de notre monde actuel). Kyogre et Groudon ne sont pas vraiment l'un l'océan et l'autre les terres. Ils sont des représentations.
Si vous voulez un autre exemple, prenez Batman et le Joker. Et posez-les dans un coin.
Ils n'existent pas (déjà parce que ceux sont des personnages de fiction, rien que pour ça) au sens propre, ils incarnent d'un côté la justice et l'ordre et de l'autre le chaos et la liberté. Aucun des deux ne peut jamais vaincre définitivement l'autre car le monde que chacun souhaite ne pourrait pas fonctionner.
Chaque fois que le Joker gagne, un nouveau héros apparaît. A chaque fois que Batman gagne, un nouveau méchant apparaît. C'est une complémentarité, deux forces qui permettent à leur monde de fonctionner.
Bien sûr, tout ceci est à placer dans leur univers, je n'encourage personne à aller jouer les héros ou les anti-héros dans notre réalité sous prétexte de faire tourner le monde.
Dans Pokémon, c'est pareil. Ces entités ont un rôle. Non pas comme être vivant, mais comme entité de l'imaginaire, afin de donner un sens à ce monde.
Maintenant que nous avons posé tout ça, nous pouvons passer aux cartes Pokémon. Non, elles n'ont pas été engendrées par Mew (quoi que...).
Comme expliqué plus haut, l'art porte souvent un message. Et il n'y a aucune raison pour que les artistes du TCG fassent exception à la règle.
Pour cela, nous allons prendre 2 cartes que vous connaissez bien :
Bien que d'habitude je rechigne à parler de cartes ultra-rares car la hype et la visibilité qu'elles ont sont déjà bien trop importantes, il y a des sujets à côté desquels on ne peut pas passer. Et celui-là en fait partie.
Prenons la carte de Palkia pour commencer, puisque c'est sans doute celle qui a prit le plus d'espace dans la communauté.
Sans trop de surprise, la carte est directement inspirée des œuvres de Escher et surtout de l'une des plus connues : Relativité.
Maurits Cornelis Escher a passé une grande partie de sa vie artistique à représenter des objets impossibles, des lieux impossibles ou encore l'infini, oui rien que ça. Il a ainsi exploré les nombreuses possibilités qu'offrent la représentation en deux dimensions d'un espace (ou d'un objet) en trois dimensions. Je ne peux que vous inviter à vous renseigner au sujet de ses travaux...
Pour en revenir à Relativité, si cette œuvre intrigue autant c'est parce qu'elle présente un espace où trois univers cohabitent. Chacun de ces univers possèdent son propre point de gravité, permettant ainsi aux différents personnages parcourant le décor de se tenir droit et de vaquer à leur occupation.
Ainsi, un même escalier sert à deux personnages d'une façon différente : l'un monte et l'autre descend alors même qu'ils vont dans le même sens sur le même côté de l'objet.
Le point culminant de tout cela est que sans la signature de Escher, nous ne saurions même pas dans quel sens est sensé se regarder le tableau. Mais a-t-il seulement un seul sens ?
Là où cette œuvre se démarque encore est qu'elle constitue un point de convergence entre l'art et la science. Rien n'est illogique dans cet univers. Cela ne fonctionnerait pas dans le nôtre, mais si l'on admet l'existence de trois sources de gravité différente dans cet espace, il devient parfaitement logique d'imaginer les déplacements des personnages et leur vie dans cet univers abstrait. Il s'agit également d'une réussite artistique, dans la maîtrise de la technique, du détail, ...
Et notre carte de Palkia répond à cette idée. Palkia est au centre de cet espace distendu. Nous serions terrifiés d'être au milieu de ce lieu. Et pourtant, on voit bien que Palkia y est comme chez lui, et pour cause : Palkia représente l’espace. Des colonnes autour nous rappellent le lieu où nous le croisons (les Colonnes Lances) dans les jeux.
La différence avec l’œuvre de Escher réside dans des portails semblant ouverts sur d'autres mondes. Et ça n'est pas un hasard, puisque Palkia en tant que personnalisation de l'espace est sans doute parfaitement capable de maîtriser ce dernier, de s'y déplacer, de le déformer voir de le remodeler.
On néglige cependant deux points cruciaux de cette carte : certaines choses (faute de mieux, faudra faire avec ce mot) sont ni plus, ni moins, des objets impossibles (ou aux perspectives impossibles) comme ceux conçus par Escher :
Mais pourtant, tout conserve une forme de logique. Les piliers sont fixés au sol, les escaliers descendent et montent et c'est finalement, quand on prend de la distance avec la carte, qu'on remarque notre deuxième point : elle est construite comme un miroir, sous la forme d'une transformation géométrique.
Tout comme son inspiration première, Relativité, l’œuvre fait de l'art une science.
Prenons maintenant le temps de passer à Dialga :
Et non, pas de Escher ici. Mais tout de même de très nombreuses choses à voir.
Commençons par l'arrière-plan avec la forme de tourbillon à côté des oreilles de Dialga (a-t-il seulement des oreilles ?).
Il s'agit en fait d'un filé d'étoiles, qui ne sert pas à pêcher des étoiles mais qui est un type d'astrophotographie (le fait de photographier les corps célestes). Un filé d'étoiles est une photographie longue pose, c'est à dire que l'appareil va capturer pendant un long moment la même image afin, de jour, de rendre plus net les éléments fixes et de se débarrasser des éléments en mouvement et de nuit d'isoler les sources de lumière. On retrouve souvent cette technique dans les domaines artistiques, par exemple pour sublimer le mouvement des voitures sur une route :

Image issue de Wikipedia.
Les voitures disparaissent au profit des sources de lumières, donnant ces tracés dans la nuit.
Pour en revenir à notre filé d'étoiles, si l'on obtient cette forme de spirale très étrange (et non des lignes ou des demi-cercles), c'est tout simplement car certains objets célestes restent visibles en permanence depuis notre modeste planète, c'est à dire qu'ils ne se couchent jamais sous l'horizon. Ces objets sont appelés circumpolaires. Et c'est grâce à ce mélange d'objets circumpolaires et d'astrophotographie que l'obtient ce type de cliché :

Image issue de Wikipedia.
Mais ça n'est pas la seule chose à voir sur notre carte (oui car on parle de cartes Pokémon initialement) : on peut voir deux boules passer non loin de ce cher Dialga. Et si on regarde très attentivement, il nous est possible de voir d'un côté les différentes phases de la Lune mais aussi un soleil allant de son levé (dont on perçoit les lumières rosées) à son couché (reconnaissable à ses teintes orangées) croisant d'ailleurs la lune durant son mouvement.
Mais pourquoi y a-t-il tout ces éléments autour de notre Dialga ?
C'est en fait très simple : il s'agit de symboles du passage du temps dans l'univers. Les différentes phases de la lune coïncidant avec le déroulement des cycles lunaires, le soleil parcourant le ciel (selon notre point de vue, car du sien c'est nous qui tournons autour de lui comme un relou dans le métro) en une journée et finalement les objets circumpolaires dont les mouvements dans notre voûte céleste montre que le temps passe, d’années en années. N’oubliez pas que ce que nous voyons dans le ciel est la lumière des étoiles nous atteignant après des milliers d’années de voyage. Nous recevons donc souvent la lumière d’étoiles déjà disparues.
Représenter le temps qui passe n'est pas forcément chose facile, surtout sur une illustration immobile, alors utiliser des astres apparaît comme une idée radieuse…
Et au milieu de ces représentations, Dialga semble intemporel. Il vole au centre de son univers comme on se balade dans son jardin pour regarder ses radis pousser.
Et c'est ainsi que tout ce concentré de sciences fini par former de l'art.
C'est là le point culminant de nos deux cartes. Dialga et Palkia sont souvent vus en train de s'affronter, il suffit de regarder comme les cartes les opposent souvent :
On peut donc tout à fait supposer qu'ils sont ennemis. Mais à l'instar du Ying et du Yang ou de la sauce au poivre et de la viande rouge, ils sont complémentaires. Nous n'avons pas d'un côté l'espace et de l'autre le temps, nous avons le concept d'espace-temps.
Ça n'est pas un hasard si dans les jeux comme dans le manga, nous pouvons voir une statue d'une entité semblant composée de Dialga ET de Palkia :
Ces derniers sont issus du même œuf, du même instant de la Création. Sans espace, le temps n'aurait pas lieu de s'écouler. Sans temps, l'espace serait figé à jamais. Hors le temps s'écoule et l'espace s'étend...
Et c'est là que ces cartes nous donnent à voir un autre point de complémentarité : la science et l'art mutuellement au service de l'autre.
Si De Vinci concevait ses œuvres en s'appuyant sur les mathématiques, il en va de même pour nos cartes, conçues pour mélanger habillement concept, idée, science, art, …
Si d’un côté Palkia part de l’art pour aller vers la science, Dialga lui part de la science pour aller vers l’art.
Il est d'ailleurs à noter que cette analyse peut continuer avec deux autres cartes, celles des membres manquants à notre début de Mythologie :
On pourrait noter, par exemple, que Arceus surplombe le monde dans un éclat de lumière céleste, sans en faire vraiment parti mais sans être totalement indifférent alors que Giratina est écrasé par son monde, sombre et rempli jusqu'à outrance où il semble vivre tout à fait normalement dans cette espèce de Zone Perdue...
Mais bon, après tout, peut-être que je vais trop loin... Et qui sait, peut-être que j'irais trop loin concernant ces deux cartes dans un autre article ?
Cela n'a pas d'importance. Peu importe ce que vous lirez, quelqu'un, quelque part, y croit. Et croire, c'est pouvoir (la Reine Noire).
À bientôt !
Vous savez quand j'écris des articles, je fais toujours attention à ce qu'ils ne soient pas trop longs (ou trop courts, selon le cas) pour que vous ayez matière à lire sans crouler sous les informations. Il me faut donc toujours faire clair et concis.

Oui, concis, si si. Ça surprend, je sais.
Et vous aurez peut-être remarqué, si vous avez l'habitude de lire ce que je peux écrire, il ne m'est pas toujours facile de le faire. Souvent une analyse, une idée, une piste en entraîne une autre et c'est ainsi que beaucoup de créatifs (quelque soit la discipline) se perdent dans des créations à n'en plus finir.
Et bien aujourd'hui, c'est différent. On se fait plaisir. Après tout, c'est bientôt Pâques ! Oui, Pâques, pourquoi ?
Mais pas n'importe comment : nous allons parler de très peu de cartes (deux pour être précis plus un exemple parce que j'aime bien les exemples), mais on va bien en parler.
Pour cela, nous allons aborder une thématique très large : l'art.
J'ai dit "une" thématique ? Je voulais dire... Des thématiques. Art, science, mythologie, ... Car oui, dans Pokémon, ces différents aspects existent bels et biens et surtout, ils cohabitent souvent ensembles. Nous, aficionados des cartes, nous avons plutôt tendance à voir les choses sous l'angle de la beauté, parfois de la valeur (beurk

Prenons un exemple : le Rattata d'Alola de l'extension Pokémon Go.
Une carte rudimentaire, que beaucoup ne toucherait même pas avec un bâton tenant lui-même un bâton qui porterait des gants. Et pourtant, elle est un concentré de messages.
L'extension Pokémon Go se veut être un lien entre les Pokémon et notre monde (comme le jeu vidéo dont elle est inspirée) et cette carte le réussi parfaitement : elle nous présente une scène quotidienne, basique, normale d'un rat(tata) courant sur un tuyau qui n'est pas sans rappeler les égouts.
Dans notre monde, il y a de (très) nombreux rats dans nos villes, vivant dans les égouts, dans les recoins, ... A titre d'information, la ville de New York compte pour 8,38 millions âmes humaines, 32 millions de rats (selon une estimation, personne ne les a compté un par un, du moins j’espère), soit 4 rats par habitant (oui je met en gras, c'est une info cruciale).
Vous trouvez cette carte simple (basique) ? Et bien c'est certainement son but : elle n'est qu'une scène normale dans un quotidien normal d'un monde où les Pokémon existent réellement.
Bien sûr, la simplicité n’empêche pas l’élégance ou les détails.
Oui, ça va extrapoler sévèrement. Mais je vous l'ai dit, aujourd'hui, on se fait plaisir !
Une partie des informations qui vont suivre sont vraies. D'autres sont fausses, voire ridicules. Parfois je suis sûr de moi, parfois non. Parfois je mentirai...
C'est parti.
Un peu de Mythologie
Sachez que l'on ne va pas rentrer dans les détails précis et exacts non plus. Si vous souhaitez en savoir plus, je vous renvoie vers les articles de Yuu-Chan sur Eternia par ici.
Pour notre article, nous allons nous intéresser au commencement des temps. Avant le temps, du coup. Oui, c'est technique.
Au commencement, donc, il y avait un œuf. De quoi "qui l'a pondu" ? C'est pas le propos, allez lire les articles Mythologie si cela vous intéresse.
Je disais donc, au commencement, il y avait un œuf. De quoi "comment il était cuit" ? Mais ça suffit !
Commencement, œuf. De cet œuf sorti Arceus, Démiurge (le dieu créateur) de l'univers de Pokémon.
Il est le tout premier être de la création de cet univers. Mais tout comme dans les livres sacrés des grandes religions, il ne va pas se tourner les pouces (en a-t-il seulement ?) et va engendrer un œuf à son tour (c'était lui la poule) contenant Palkia, Dialga et Giratina.
Et ils devaient être vraiment super bien pliés, parce que les bestiaux font quand même dans les 5 mètres.
Palkia s'occupait d'organiser l'espace, Dialga le temps et Giratina fit une crise d'adolescence. Arceus l'enferma donc pour sa trop grande violence (selon les textes des jeux de la licence) dans son univers : le Monde Distorsion.
Une fois la chambre (l'espace) rangée à l'heure (le temps), les deux autres rejetons se disputaient, Arceus les enferma donc dans leurs propres espaces, comme ça chacun sa chambre et pas de jaloux.
Vinrent ensuite le trio des Cré :
Qui s'occupèrent des émotions et de la volonté. Regigigas, lui, géra les continents (vaste boulot) et finalement Mew, présenté comme le premier Pokémon et de fait l'ancêtre de tout les autres, parti peupler le monde et ainsi créer Grotadmorv, Denticrisse et autre Crapustule. Une grande réussite en somme.
Je le redis, il s'agit là d'un résumé très grossier de la Mythologie dans l'univers de Pokémon. Pour être parfaitement exact, il faudrait vous parler de Kyogre (les océans) et Groudon (les continents), Lugia (la nuit) et Ho-Oh (le jour), Zarude (le livre de la Jungle) et j'en passe. Mais ça n'est pas le sujet.
Je vous entends toutefois piailler "mais comment Mew peut-il être le premier Pokémon s'il y a eu la moitié du panthéon Pokémon avant lui ?". Nous allons y venir sans plus attendre.
Un peu de concept
Excusez ce début qui n'est pas très orienté autour des cartes mais c'est un mal nécessaire pour la suite.
L'univers de Pokémon se présente comme une mythologie polythéiste (avec plusieurs dieux), comme Dialga dieu du temps ou Palkia dieu des voitures Renault (l'espace, vous l'avez ?). Mais il s'agit d'une erreur d'interprétation.
Si Mew est le premier Pokémon c'est tout simplement car les choses avant lui ne sont pas autant des Pokémon que des concepts.
Dialga et Palkia n'ont pas réellement ordonnés le temps et l'espace, Regigigas s'est pas farci le placement des continents au centimètre près et je ne vous parle pas de Mew. Ils sont les allégories des éléments et des événements perceptibles à nos yeux.
Regigigas représente les plaques tectoniques (aucun rapport avec la musique) qui composent notre monde (c'est à dire, les plaques où se trouvent les continents dont les accidents engendrent montagnes et tremblements de terre) voir la Pangée (super-continent de la théorie de la dérive des continents formé de tout ceux de notre monde actuel). Kyogre et Groudon ne sont pas vraiment l'un l'océan et l'autre les terres. Ils sont des représentations.
Si vous voulez un autre exemple, prenez Batman et le Joker. Et posez-les dans un coin.
Ils n'existent pas (déjà parce que ceux sont des personnages de fiction, rien que pour ça) au sens propre, ils incarnent d'un côté la justice et l'ordre et de l'autre le chaos et la liberté. Aucun des deux ne peut jamais vaincre définitivement l'autre car le monde que chacun souhaite ne pourrait pas fonctionner.
Chaque fois que le Joker gagne, un nouveau héros apparaît. A chaque fois que Batman gagne, un nouveau méchant apparaît. C'est une complémentarité, deux forces qui permettent à leur monde de fonctionner.
Bien sûr, tout ceci est à placer dans leur univers, je n'encourage personne à aller jouer les héros ou les anti-héros dans notre réalité sous prétexte de faire tourner le monde.
Dans Pokémon, c'est pareil. Ces entités ont un rôle. Non pas comme être vivant, mais comme entité de l'imaginaire, afin de donner un sens à ce monde.
Ok, mais du coup, on va où comme ça ?
Maintenant que nous avons posé tout ça, nous pouvons passer aux cartes Pokémon. Non, elles n'ont pas été engendrées par Mew (quoi que...).
Comme expliqué plus haut, l'art porte souvent un message. Et il n'y a aucune raison pour que les artistes du TCG fassent exception à la règle.
Pour cela, nous allons prendre 2 cartes que vous connaissez bien :
Bien que d'habitude je rechigne à parler de cartes ultra-rares car la hype et la visibilité qu'elles ont sont déjà bien trop importantes, il y a des sujets à côté desquels on ne peut pas passer. Et celui-là en fait partie.
L'espace et le temps
Prenons la carte de Palkia pour commencer, puisque c'est sans doute celle qui a prit le plus d'espace dans la communauté.

Sans trop de surprise, la carte est directement inspirée des œuvres de Escher et surtout de l'une des plus connues : Relativité.
Maurits Cornelis Escher a passé une grande partie de sa vie artistique à représenter des objets impossibles, des lieux impossibles ou encore l'infini, oui rien que ça. Il a ainsi exploré les nombreuses possibilités qu'offrent la représentation en deux dimensions d'un espace (ou d'un objet) en trois dimensions. Je ne peux que vous inviter à vous renseigner au sujet de ses travaux...
Pour en revenir à Relativité, si cette œuvre intrigue autant c'est parce qu'elle présente un espace où trois univers cohabitent. Chacun de ces univers possèdent son propre point de gravité, permettant ainsi aux différents personnages parcourant le décor de se tenir droit et de vaquer à leur occupation.
Ainsi, un même escalier sert à deux personnages d'une façon différente : l'un monte et l'autre descend alors même qu'ils vont dans le même sens sur le même côté de l'objet.
Le point culminant de tout cela est que sans la signature de Escher, nous ne saurions même pas dans quel sens est sensé se regarder le tableau. Mais a-t-il seulement un seul sens ?
Là où cette œuvre se démarque encore est qu'elle constitue un point de convergence entre l'art et la science. Rien n'est illogique dans cet univers. Cela ne fonctionnerait pas dans le nôtre, mais si l'on admet l'existence de trois sources de gravité différente dans cet espace, il devient parfaitement logique d'imaginer les déplacements des personnages et leur vie dans cet univers abstrait. Il s'agit également d'une réussite artistique, dans la maîtrise de la technique, du détail, ...
Et notre carte de Palkia répond à cette idée. Palkia est au centre de cet espace distendu. Nous serions terrifiés d'être au milieu de ce lieu. Et pourtant, on voit bien que Palkia y est comme chez lui, et pour cause : Palkia représente l’espace. Des colonnes autour nous rappellent le lieu où nous le croisons (les Colonnes Lances) dans les jeux.
La différence avec l’œuvre de Escher réside dans des portails semblant ouverts sur d'autres mondes. Et ça n'est pas un hasard, puisque Palkia en tant que personnalisation de l'espace est sans doute parfaitement capable de maîtriser ce dernier, de s'y déplacer, de le déformer voir de le remodeler.
On néglige cependant deux points cruciaux de cette carte : certaines choses (faute de mieux, faudra faire avec ce mot) sont ni plus, ni moins, des objets impossibles (ou aux perspectives impossibles) comme ceux conçus par Escher :

Mais pourtant, tout conserve une forme de logique. Les piliers sont fixés au sol, les escaliers descendent et montent et c'est finalement, quand on prend de la distance avec la carte, qu'on remarque notre deuxième point : elle est construite comme un miroir, sous la forme d'une transformation géométrique.
Tout comme son inspiration première, Relativité, l’œuvre fait de l'art une science.
Prenons maintenant le temps de passer à Dialga :

Et non, pas de Escher ici. Mais tout de même de très nombreuses choses à voir.
Commençons par l'arrière-plan avec la forme de tourbillon à côté des oreilles de Dialga (a-t-il seulement des oreilles ?).
Il s'agit en fait d'un filé d'étoiles, qui ne sert pas à pêcher des étoiles mais qui est un type d'astrophotographie (le fait de photographier les corps célestes). Un filé d'étoiles est une photographie longue pose, c'est à dire que l'appareil va capturer pendant un long moment la même image afin, de jour, de rendre plus net les éléments fixes et de se débarrasser des éléments en mouvement et de nuit d'isoler les sources de lumière. On retrouve souvent cette technique dans les domaines artistiques, par exemple pour sublimer le mouvement des voitures sur une route :

Image issue de Wikipedia.
Les voitures disparaissent au profit des sources de lumières, donnant ces tracés dans la nuit.
Pour en revenir à notre filé d'étoiles, si l'on obtient cette forme de spirale très étrange (et non des lignes ou des demi-cercles), c'est tout simplement car certains objets célestes restent visibles en permanence depuis notre modeste planète, c'est à dire qu'ils ne se couchent jamais sous l'horizon. Ces objets sont appelés circumpolaires. Et c'est grâce à ce mélange d'objets circumpolaires et d'astrophotographie que l'obtient ce type de cliché :

Image issue de Wikipedia.
Mais ça n'est pas la seule chose à voir sur notre carte (oui car on parle de cartes Pokémon initialement) : on peut voir deux boules passer non loin de ce cher Dialga. Et si on regarde très attentivement, il nous est possible de voir d'un côté les différentes phases de la Lune mais aussi un soleil allant de son levé (dont on perçoit les lumières rosées) à son couché (reconnaissable à ses teintes orangées) croisant d'ailleurs la lune durant son mouvement.
Mais pourquoi y a-t-il tout ces éléments autour de notre Dialga ?
C'est en fait très simple : il s'agit de symboles du passage du temps dans l'univers. Les différentes phases de la lune coïncidant avec le déroulement des cycles lunaires, le soleil parcourant le ciel (selon notre point de vue, car du sien c'est nous qui tournons autour de lui comme un relou dans le métro) en une journée et finalement les objets circumpolaires dont les mouvements dans notre voûte céleste montre que le temps passe, d’années en années. N’oubliez pas que ce que nous voyons dans le ciel est la lumière des étoiles nous atteignant après des milliers d’années de voyage. Nous recevons donc souvent la lumière d’étoiles déjà disparues.
Représenter le temps qui passe n'est pas forcément chose facile, surtout sur une illustration immobile, alors utiliser des astres apparaît comme une idée radieuse…
Et au milieu de ces représentations, Dialga semble intemporel. Il vole au centre de son univers comme on se balade dans son jardin pour regarder ses radis pousser.
Et c'est ainsi que tout ce concentré de sciences fini par former de l'art.
Et finalement, l’espace-temps
C'est là le point culminant de nos deux cartes. Dialga et Palkia sont souvent vus en train de s'affronter, il suffit de regarder comme les cartes les opposent souvent :
On peut donc tout à fait supposer qu'ils sont ennemis. Mais à l'instar du Ying et du Yang ou de la sauce au poivre et de la viande rouge, ils sont complémentaires. Nous n'avons pas d'un côté l'espace et de l'autre le temps, nous avons le concept d'espace-temps.
Ça n'est pas un hasard si dans les jeux comme dans le manga, nous pouvons voir une statue d'une entité semblant composée de Dialga ET de Palkia :

Ces derniers sont issus du même œuf, du même instant de la Création. Sans espace, le temps n'aurait pas lieu de s'écouler. Sans temps, l'espace serait figé à jamais. Hors le temps s'écoule et l'espace s'étend...
Et c'est là que ces cartes nous donnent à voir un autre point de complémentarité : la science et l'art mutuellement au service de l'autre.
Si De Vinci concevait ses œuvres en s'appuyant sur les mathématiques, il en va de même pour nos cartes, conçues pour mélanger habillement concept, idée, science, art, …
Si d’un côté Palkia part de l’art pour aller vers la science, Dialga lui part de la science pour aller vers l’art.
Il est d'ailleurs à noter que cette analyse peut continuer avec deux autres cartes, celles des membres manquants à notre début de Mythologie :
On pourrait noter, par exemple, que Arceus surplombe le monde dans un éclat de lumière céleste, sans en faire vraiment parti mais sans être totalement indifférent alors que Giratina est écrasé par son monde, sombre et rempli jusqu'à outrance où il semble vivre tout à fait normalement dans cette espèce de Zone Perdue...
Mais bon, après tout, peut-être que je vais trop loin... Et qui sait, peut-être que j'irais trop loin concernant ces deux cartes dans un autre article ?
Cela n'a pas d'importance. Peu importe ce que vous lirez, quelqu'un, quelque part, y croit. Et croire, c'est pouvoir (la Reine Noire).
À bientôt !